Enquête : les assureurs victimes de garages sans scrupules

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Des ateliers de réparation automobile s’en donnent à cœur joie dans la facturation de fausses dépenses aux compagnies d’assurance. La fraude s’élèverait à 2 milliards $ par an au Canada, selon une enquête menée par la société d’assurance Aviva.

 

Cette enquête menée par la société d’assurance Aviva s’est échelonnée tout au long de 2017, mais s’est limitée à la région de Toronto. En Ontario seulement, l’ampleur annuelle de la fraude s’élèverait à 547 M$.

 

Voici comment Aviva a procédé : ses enquêteurs et des experts automobiles ont d’abord délibérément endommagé dix véhicules achetés pour cette expérience. Les experts ont attentivement mesuré l’étendue réelle des dommages et évalué le coût des réparations à effectuer. Les voitures, munies de caméras cachées, ont ensuite été placées de façon aléatoire en bord de route pour simuler des accidents.

 

Se faisant passer pour les conducteurs et munis d’un dispositif d’enregistrement, les enquêteurs ont alors pu suivre l’ensemble du processus, à partir de l’arrivée des secours jusqu’à la réparation des véhicules et à la facturation.

 

Fraude dans neuf cas sur dix !

 

Dans neuf cas sur dix, une pratique frauduleuse a été détectée, selon Aviva. L’enquête a notamment révélé que 57 % des coûts de réparation facturés avaient été gonflés. Alors que les évaluations des experts totalisaient 30 000 $, les ateliers ont réclamé une somme globale de 61 000 $ à la compagnie d’assurance.

 

Parmi les pratiques répréhensibles ainsi mises au jour, on a découvert que des employés d’ateliers endommageaient intentionnellement des voitures afin de causer des dommages supplémentaires !

 

Des garages ont facturé le prix de pièces neuves après avoir installé des pièces d’occasion, ou même sans avoir remplacé des pièces supposément défectueuses. Certaines factures comprenaient en outre la réparation ou le remplacement de pièces qui n’avaient pourtant pas été endommagées, selon l’évaluation des experts.

 

Factures de remorquage… sans remorquage

 

L’enquête d’Aviva a également permis de cibler des pratiques abusives dans l’industrie du remorquage. Ainsi, des conducteurs de dépanneuse ont facturé la compagnie d’assurance pour des services de remorquage et d’entreposage qui n’avaient tout simplement pas été dispensés.

 

Des remorqueurs ont en outre remorqué des véhicules sans autorisation appropriée, ont dissuadé des conducteurs-enquêteurs de faire appel aux ateliers de réparation accrédités par Aviva ou leur ont demandé de signer un ordre de travail vierge.

 

« Il s’agit d’un scandale d’envergure nationale », affirme Gordon Rasbach, vice-président du Service anti-fraude d’Aviva Canada. Celui-ci prend tout de même soin de préciser que tous les remorqueurs et ateliers de réparation ne commettent pas de fraude…

 

Les gouvernements doivent agir, dit Aviva

 

Cela dit, l’enquête démontre selon M. Rasbach que « le gouvernement et l’industrie de l’assurance doivent combattre ensemble la fraude à l’assurance automobile ».

 

Il faut savoir que, si le coût initial d’une fraude est assumé par la compagnie d’assurance, le consommateur finit toujours par écoper : on estime qu’entre 5 % et 15 % des primes d’assurance-auto servent à couvrir les réclamations frauduleuses non détectées.

 

Aviva réclame aux gouvernements un plan d’action pour mieux réglementer l’industrie de l’assurance, afin de déceler, prévenir et décourager la fraude. Parmi les mesures qui s’imposeraient, mentionnons l’interdiction de faire signer des ordres de travail vierges, l’abolition des commissions liées à la recommandation de fournisseurs tiers qui occasionnent des coûts superflus et l’alourdissement des peines imposées aux fournisseurs délinquants dans ce domaine.

 

Aviva croit aussi que les compagnies d’assurance auto devraient être autorisées à accorder des rabais aux clients qui font appel au réseau d’ateliers accrédités des assureurs. En revanche, les assureurs devraient être tenus de déclarer toutes les fraudes et résultats d’enquêtes à des fins de partage d’informations : ce n’est pas le cas actuellement et cela ne facilite évidemment pas la lutte contre ce phénomène.

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